Problématique centrale dans le monde de la création, le fait de se démarquer est devenu une nécessité à plusieurs niveaux. Lorsque l’on débute son travail de création, que l’on soit créateur ou créatrice, jeune artisan, passionné de « fait-main », auto-entrepreneur, porteur d’un projet créatif quel qu’il soit, une des premières inquiétudes peut être celle de ne pas parvenir à se différencier. La crainte d’être noyé dans la masse du « fait-main » est légitime. On peut penser qu’il est difficile de se démarquer dans un secteur particulièrement concurrentiel. Deux facteurs décuplent aujourd’hui cette inquiétude : la question du digital (et notamment des réseaux sociaux) et celle du temps que l’on s’accorde pour voir les résultats de son projet.
Dans cet article, je ne vais pas vous révéler « comment devenir créateur en 3 clics… ». Car au risque de décevoir certaines idées reçues, il n’y a pas de recette instantanée pour parvenir au succès. Mais des formules magiques, il y en a quelques unes !
1/ Ne pas tout miser sur le numérique
Parce que jauger son succès au nombre de « likes » sous une photo peut être trompeur. Il est évident que cela fait extrêmement plaisir d’avoir des retours positifs, voire « d’amour » sur son travail, et les réseaux sociaux sont un excellent moyen de dialoguer avec le public. Mais il ne faut pas perdre de vue que les créations seront portées, vécues, lavées, regardées tous les jours. Donc soigner ses visuels est important, mais peaufiner son produit fini est indispensable ! Les vraies relations, les retours de la part des clients, les échanges avec des confrères sont des baromètres plus fiables quant à la perception de vos créations. Et c’est cela qui vous fera vivre, créativement et matériellement.
2/ S’inspirer, sans décalquer
Certes être créateur ne signifie pas être un démiurge, ne créer à partir de rien.
Mais le fait d’inventer, de réinterpréter à sa propre manière une idée ou une forme est extrêmement gratifiant. Difficile de se démarquer lorsqu’on ne fait que suivre une tendance déjà saturée sur le marché ! On devient créateur car on a quelque chose à dire, à partager. C’est votre singularité qui intéressera votre public. Alors cultivez votre différence !
Ce que l’on te reproche, cultive-le, c’est ce que tu es
Jean Cocteau
3/ Ne restez pas seul
Dans sa démarche de création, il y a un moment où le regard de l’autre devient une nécessité. C’est souvent ce qui fait passer une passion, un hobby, un intérêt personnel, à la volonté de montrer son travail, de l’exposer, et même de le vendre.
Le regard que le public portera sur vos créations dépendra de multiples facteurs et il est indispensable de les mettre en corrélation avec le contenu de votre création. Les échanges sociaux vous donneront un excellent retour sur ce que l’on perçoit de vos productions. Au besoin, faites-vous conseiller, parlez-en à des proches, des collègues et des professionnels. Et posez-vous la question : est-ce que votre univers de marque (visuel, esthétique, discours) est cohérent avec votre message ?
4/ L’univers de création, c’est le cœur de votre identité
Créer, c’est innover, trouver des solutions et faire des propositions nouvelles. Et c’est ça qui fera la différence. Croyez en vous, vous êtes unique !
J’entendais une interview récemment de Jean-Claude Bellanger, le secrétaire général des Compagnons du devoir. Il soulignait très justement que l’artisan fait autant travailler ses mains que sa tête. Les artistes, quant à eux, réalisent de nombreux essais, croquis et maquettes avant d’arriver à une pièce aboutie. À mon sens le travail de recherche ne peut être éludé. Le plaisir de créer se ressent toujours.
Ainsi je vous propose trois axes de travail :
→ Développer sa créativité : en testant, en essayant différents matériaux, en se formant, au besoin en effectuant des stages.
→ Nourrir son univers : en lisant, en effectuant des recherches, en s’intéressant à des domaines connexes qui enrichiront son univers créatif.
→ En apprendre plus sur soi-même : en identifiant ses craintes, ses forces, ses ressources.
Identifier son univers de marque est donc majeur, car vous pourrez capitaliser sur ce que vous avez mis en évidence.
L’artisan fait autant travailler ses mains que sa tête
Jean-Claude Bellanger, Compagnons du Devoir
5/ Le temps est votre allié
Enfin, se dire que la clef du succès est à trois mois de votre début de projet me semble illusoire. Certaines « success stories » peuvent laisser suggérer le contraire, mais il y a en général un énorme travail en amont. La partie immergée de l’iceberg est en réalité le socle indispensable à votre univers. Il est peut-être invisible au premier coup d’œil, mais lorsque l’on vient à gratter sous la surface, on n’est jamais déçu de constater que les fondations sont solides.
Les grandes maisons ont mis du temps à émerger, à se faire reconnaître, et à nouer avec leur clientèle un rapport de confiance. Elles ont construit leur univers au fil du temps, des saisons, des collections. Pour avoir travaillé dans la Mode pendant de nombreuses années, je peux vous confier que les grandes marques se posent toujours la question de savoir si un produit correspond à leur image de marque, à leurs codes, à leur ADN. Certaines idées sont bonnes, mais elles ne seront pas pour vous, il faut savoir opérer des choix afin de conserver de la cohérence dans son univers de marque.
6/ Libérer son potentiel créatif et assumer son identité de marque
En libérant votre potentiel de création, vous vous ouvrirez à vous-même. Vos créations seront le reflet de votre univers et vous aurez plus confiance en vous. En acceptant que cela prenne du temps, vous gagnerez en maturité et en assurance. Misez sur l’avenir grâce à une identité de marque bien construite, qui dure et se développe sur le long terme.