Je suis Alice Carpentier, créatrice en lingerie corseterie et balnéaire. Mon objectif est de proposer des pièces qui me ressemblent pour mettre en valeur le corps des femmes de manière naturelle, confortable et élégante dans un style doux féminin et romantique sans artifices.
La création de dessous est une discipline passionnante qui demande technique, patience et minutie pour obtenir un produit abouti. Je vous propose de me suivre dans toutes les étapes qui se cachent derrière la conception d’un soutien-gorge fait main.
1. Choix des matières
Tout commence par le choix des matières, je cherche des coups de cœur parmi des tissus issus de stocks dormants chez différents fournisseurs.
Il faut de nombreux éléments pour la fabrication d’un soutien-gorge : un ou plusieurs tissus, un tissu pour la doublure, des élastiques, des bretelles, des anneaux et régleurs pour les bretelles, des armatures et une agrafe dos.
Tous ces éléments sont indispensables pour passer au premier prototype, je choisis parfois certains détails lors de l’étape suivante.
2. Dessin technique
Une fois les matières sélectionnées, je commence à penser à mes modèles en faisant différents dessins sur informatique afin de déterminer quel(s) ensemble(s) je souhaite développer. À cette étape, je décide aussi des finitions. En fonction de mes dessins, s’il me manque des tissus ou fournitures je complète alors mes achats.
3. Patronnage
Je commence par la construction, c’est-à-dire tracer le modèle sur une base qui correspond à un 90B (la taille de base de mes prototypes).
Je relève ensuite les différentes pièces qui constitueront le patronage. J’effectue des réglages, je vérifie que les différents morceaux s’assemblent entre eux et ne forment pas d’angles disgracieux lorsque je simule la couture.
Dans le cas présent, je modifie aussi le côté de la basque auquel j’ajoute des fronces.
Une fois que tout est bien réglé, j’ajoute les valeurs couture et j’annote les patrons avec le nom de la pièce, les crans de montage, le droit fil (qui me permet de savoir dans quel sens couper le tissu), le nombre de pièces nécessaires, le tissu correspondant, le nom du modèle et la taille. Vient ensuite la découpe de l’intégralité du patronnage.
4. Découpe du tissu
Je repasse la charmeuse en soie dans le cas du soutien-gorge Iris, pour d’autres modèles le repassage n’est pas forcément nécessaire, tout dépend des tissus utilisés.
J’épingle ensuite les patrons sur les différentes matières (dentelle, charmeuse et doublure) en essayant d’avoir le moins de pertes possible entre les pièces. Je les découpe soigneusement. Pour la dentelle, les morceaux doivent être coupés de manière symétrique.
5. Montage du soutien-gorge
A | Assemblage de la basque
Je commence par assembler les côtés de la doublure avec le séparateur et je fais de même sur le tissu. Je couds ensuite la doublure et le tissu entre eux au niveau du haut du séparateur. A l’aide d’une laminette (un élastique très fin) je fais des fronces sur les côtés du tissu en utilisant un point zig-zag.
J’ajoute le dos en fourreau entre le tissu et la doublure (cela permet de ne pas avoir la couture apparente à l’intérieur du soutien-gorge). Sur l’un des côtés, j’intègre l’étiquette de composition du soutien-gorge.
Après avoir retourné la basque, j’épingle la doublure et le tissu ensemble au niveau des bonnets et je procède à un glaçage (je couds ces deux parties entre elles avec un point droit très large juste pour maintenir les tissus en place).
B | Assemblage des bonnets
Le bonnet est en 3 parties, je joins d’abord les deux parties inférieures de la doublure puis celle du tissu. J’assemble ensuite en fourreau le haut bonnet en dentelle entre les bas bonnets tissus et ceux de la doublure. Je termine par un glaçage entre la doublure et le tissu.
C | Assemblage des bonnets sur la basque
Une fois la basque et les bonnets réalisés : je les couds entre eux.
D | Pose des élastiques
Je coupe 5 élastiques pour les coudre sur la basque. Je les positionne sur l’endroit du soutien-gorge, les picots côté tissus, et je fais un premier point zig-zag le long des picots.
Je rabats les élastiques sur l’envers du modèle et je fais un second point zig-zag.
E | Sanglage
Le sanglage est la partie dans laquelle sont placées les armatures. A l’aide d’une sangleuse je le couds sous les bonnets du soutien-gorge. Je passe les armatures dedans puis réalise une surpiqûre aux extrémités du sanglage et je les coupe à ras.
F | Ajout des bretelles
Dans le dos du soutien-gorge, j’ajoute les anneaux dans lesquelles les bretelles passeront ensuite. Je couds les bretelles sur le haut des bonnets.
J’enfile les régleurs sur les bretelles que je passe ensuite dans les anneaux. Je repasse les extrémités dans les régleurs afin de fermer les bretelles. Je fais un point zig-zag et coupe ce qui dépasse.
G | Couture de l’agrafe dos
Je finis en ajoutant les agrafes dos au soutien-gorge, d’un côté j’intègre l’étiquette de la marque.
6. Essayages et Retouches
Une fois que le prototype est monté, je le fais essayer à mon mannequin et à différentes personnes afin de déterminer les retouches nécessaires. J’épingle et je fais des marques à l’aide d’un stylo qui s’efface à la chaleur pour bien visualiser les modifications à apporter.
7. Modification du patron
En fonction des annotations précédentes je relève les patrons à modifier et les corrige. Après avoir contrôlé que toutes les pièces s’assemblent entre elles, j’ajoute les annotations et les valeurs coutures, redécoupe les patrons et le tissu avant de remonter un nouveau prototype. Ce nouveau prototype sera également essayé pour être retouché si nécessaire. Ces opérations sont répétées jusqu’à l’obtention du soutien-gorge parfait.
8. Gradations des tailles
Une fois que la taille de base est validée je relève le patron pour effectuer la gradation, c’est-à-dire le passage du modèle dans les différentes tailles. Mes soutiens -gorge vont du 85A au 95C.
Je relève chaque taille pour faire les patrons. Je couds ensuite chaque soutien-gorge afin de les faire essayer à un maximum de personnes et de faire des retouches si nécessaire avant de passer à la production.
9. Production
Une fois que chaque taille est validée, je passe à la production du modèle et remplace les tailles au fur et à mesure des ventes pour éviter d’avoir une surproduction d’une ou plusieurs tailles qui se vendraient moins bien.
Une fois toutes ces étapes passionnantes terminées, restent la phase de commercialisation, non moins importante et tout aussi intéressante telles que l’organisation du shooting, la gestion des ventes…
Le travail de l’entrepreneur ne s’arrête pas là, des aspects marketing comme la gestion du site, la communication, et d’autres plus en rapport avec la vie même de l’entreprise, viennent s’ajouter aux tâches induites par cette aventure extraordinaire. Être organisé, minutieux, passionné et déterminé est indispensable en temps qu’artisan.
Pour ma part, vous proposer des dessous écoresponsables de qualité est un vrai bonheur et j’espère que vous aurez pris plaisir à en apprendre davantage sur le processus de création de lingerie. Tous mes produits sont en édition limitée étant réalisés à partir de tissus issus de stocks dormants alors n’attendez pas pour vous les offrir, vous pouvez tous les retrouver sur mon site et le Corner des Créateurs.
